mardi 31 mai 2011

La chronique du mardi au jardin botanique: le niaouli

LE NIAOULI
Qui ne se souvient, dans son enfance, de la fameuse "Huile Goménolée", bonne à tout et dont quelques gouttes dans le nez suffisaient contre les affections broncho-pulmonaires en laissant tout au fond de la gorge un arrière-gout âcre ?
Eh bien, cette huile est fournie par le niaouli !
Arbre originaire du continent océanien, nous ne retiendrons de son nom barbare que celui de son genre: le Melaleuca.
Parce que pour ce qui est des espèces, c’est vraiment très compliqué au regard de leur extrême variété.



Doté d’un feuillage persistant et très odorant, le niaouli se rencontre au Sénégal dans les zones marécageuses notamment au niveau du Parc Forestier de Hann et dans la forêt classée de Mbao aux côtés de son confrère l’eucalyptus avec lequel, sans aucun doute, il a été introduit. Non sans constater que sa population est en net recul dans ces zones…

On peut le considérer à juste titre comme une plante aromatique.
Ainsi ce sont ses feuilles et l’huile essentielle, le goménol, qu’on en retire, qui sont utilisées en phytothérapie aussi bien par voie interne qu’externe..
Au-delà de ses propriétés béchiques et expectorantes, le goménol, utilisé en massage, est aussi réputé pour ses propriétés antiseptiques, antiinfectieuses, antibactériennes et antivirales qui incitent son emploi contre les bronchites, les grippes, les infections ORL, intestinales et urinaires, les dermatoses et plaies infectées et en gynécologie.


Quand bien même il est établi que c’est son huile essentielle qui est la plus célèbre, il n’en demeure pas moins que ses feuilles sont d’une très grande utilité pour ne pas dire qu’elles sont d’égale dignité que l’huile.
En tisane, elles soulagent les crise d’asthme, stimulent le système immunitaire, purifient le système urinaire et suppriment la mauvaise haleine.
En bains, elles combattent la fatigue physique, les dermatoses et les douleurs articulaires.
En fumigation, elles purifient l’air et apportent le calme propice à la concentration.
A l’Hôpital Traditionnel de Keur Massar, elle est utilisée en association avec d’autres plantes dans les médications contre les troubles de la circulation sanguine, les maladies chroniques, les douleurs, les allergies et les dermatoses.
Djibril Bâ

mardi 24 mai 2011

La chronique du mardi au jardin botanique: le Lawsonia Inermis ou Henné


LE LAWSONIA INERMIS


Le Lawsonia Inermis ou Henné est très difficile à classer.
Serait-ce une espèce introduite ou endogène ?
Serait-ce une espèce forestière ou domestique ?
En tout état de cause, le henné, plante au demeurant très répandue dans le monde se retrouve essentiellement sous forme de plantations du fait de l’homme.



Elle doit en très grande partie sa célébrité à ses applications cosmétiques dont certaines allient des présupposés magiques à l’esthétique.
En effet, traditionnellement, elle sert beaucoup pour la coloration des plantes des pieds et des paumes des mains des dames. Pour conjurer le mauvais sort, éloigner les mauvais esprits et les soins de beauté (peau, ongles) à la fois !
Ses fleurs servent d’ingrédients dans la préparation de parfums.
Mais, on s’en doute, le henné regorge de propriétés médicinales, attestées d’ailleurs par le prophète Mohamed (psl).

Des propriétés astringentes, antiseptiques, stimulantes (sur le plan cérébral), cicatrisantes, antalgiques, mais encore vermifuges et diurétiques.
On lui reconnaît aussi des propriétés abortives et emménagogues et on l’emploie pour soigner les bronchites, les maladies se rapportant au rein et au foie.


Ses racines, ses feuilles, ses graines et ses fleurs sont utilisées à cet effet.
Les rameaux servent de cure-dents.
A l’Hôpital Traditionnel de Keur Massar, le henné occupe un espace important dans notre jardin de simples pour sa vertu d’excellent antibiotique.
Le henné entre dans la composition des traitements antilépreux élaborés par l’Hôpital.


Djibril Bâ

mardi 17 mai 2011

Chronique du mardi du Jardin Botanique: le Neem




Le Nim (ou Neem)
Son nom barbare, Azadirachta Indica, indique bien que c’est une plante introduite au Sénégal en provenance de l'Inde.
Elle a connu ses heures de gloire comme plante vedette du reboisement notamment durant la terrible époque de la sécheresse au Sahel des années 70 et 80. Elle borde toutes les routes nationales du Sénégal.
C'est en tant que plante d'ombrage, rustique, qu'elle a vraiment essaimé et on peut dire aussi que c’est sans doute la plante introduite qui s’est le mieux adaptée au point de constituer une belle forêt à l’entrée de Thiès en venant de Dakar.
Elle a une grande réputation d’insecticide, pesticide et de répulsif naturel :
1. Les feuilles sont brûlées pour faire fuir les moustiques et autres insectes.

2. Les feuilles sont ajoutées dans les stocks de produits vivriers, semences et graines pour éloigner les mites.
3. Les tourteaux agissent très bien contre les termites.
4. L’huile est considérée comme un répulsif naturel.



On lui reconnait quelque usage en médecine traditionnelle au Sénégal, notamment dans le domaine du traitement des accès palustres avec des préparations à base de ses feuilles. Guère plus, car nous devons à la vérité de dire qu’elle n’est pas très bien réputée au Sénégal dans le domaine thérapeutique.

Et pour cause, son amertume en a fait une plante très utilisée dans les avortements clandestins. Si bien qu'on a tendance à la considérer comme un poison. L'azadirachtine est d'ailleurs une substance interdite en Europe.
On rapporte encore son don étonnant de transmettre son amertume à la viande des animaux domestiques qui ont été élevés à ses pieds.
Ses propriétés les plus connues sont vermifuges et fébrifuges. Le macéré des graines donne une potion dépurative, émétique et laxative.


Relevons également que la plante fait toujours l’objet d’une curiosité scientifique qui est à l’origine de découvertes de nouvelles applications. Certains résultats des recherches menées sur les différentes parties de la plante ont mis en exergue l’utilité de la plante dans le cadre de l’agriculture biologique, la cosmétologie et dans le traitement des nouvelles pathologies telles que le cancer.
A l’Hôpital Traditionnel de Keur Massar, la plante est utilisée dans beaucoup de nos traitements, eu égard aux nombreuses propriétés que nous lui reconnaissons. Elle est employée comme traitement antilépreux et pour ses vertus antiseptiques et vermifuges dans le traitement du paludisme et des dermatoses.

Djibril Bâ

vendredi 13 mai 2011

Futures pépinières


Cette semaine a été un peu plus facile quant à l'alimentation en électricité aussi bien pour l'administration que pour la vie dans le jardin.




















Ce qui fait que nous pouvons à nouveau envisager l'agrandissement de nos pépinières grâce à l'arrosage qui redevient régulier. C'est que la saison devient de plus en plus chaude...


















Les mangues grossissent et promettent une belle récolte... Quant à nos cerises, elles font ployer les branches!






Djibril Bâ







mardi 10 mai 2011

La chronique du mardi au jardin botanique: le filao

LE FILAO


De son nom scientifique, Casuarina equisetifolia, le filao fait partie des plantes dites actinorhiziennes largement utilisées de par le monde pour reboiser, lutter contre l’érosion ou produire du bois de feu.



Cela justifie en partie sa plantation au Sénégal où 180 km de dunes côtières ont été fixées grâce à un reboisement de filaos tout au long du littoral Nord.
Elle se justifie aussi, en partie, par la rusticité de l’espèce qui supporte des conditions difficiles comme la sécheresse, les embruns, les sols sableux et chargés de sels et est, à ce titre, souvent plantée en première ligne en bord de mer ou comme fixateur de dunes.

C’est une espèce introduite au Sénégal en provenance du continent australien.
On peut avancer que c’est l’une des espèces de reboisement les plus anciennes et les plus importantes de par leur population, aussi, quoiqu’elle soit aujourd’hui classée espèce menacée par l’action de l’homme et du fait d’une mystérieuse maladie.
On peut encore admirer dans la région de Dakar de très beaux et vigoureux spécimens. Le feuillage est toujours persistant mais semble plus épais chez les espèces mâles.
C’est une plante médicinale peu connue et on a tendance à n'utiliser que ses graines notamment dans le cas de rage dentaire. Ses feuilles ont des propriétés antiseptiques.


A l’Hôpital Traditionnel de Keur Massar, outre ces vertus anti-inflammatoires et antiseptiques, nous employons les feuilles pour atténuer la puissance de certaines préparations.


Djibril Bâ

vendredi 6 mai 2011

Les oiseaux du jardin

A nouveau les coupures de courant se multiplient à toute heure du jour. Sur Dakar et sur Keur Massar. Ce qui rend toute l'organisation un peu plus délicate.






Seydou doit arriver vers 6 heures du matin pour remplir les puits avant que les pompes ne soient au repos.

Pape et moi-même devons faire avec le silence de nos ordinateurs.










Les maîtres de l'école, eux, continuent vaillamment de préparer les enfants aux examens, d'enseigner, mais ils trouvent aussi le temps d'ouvrir les enfants au monde plus lointain.

Ainsi, depuis quelques mois, une correspondance s'est établie entre une classe du Canton de Vaud, en Suisse, et plusieurs élèves de l'Ecole Yvette Parès de Keur Massar.










Notre jardin botanique regorge de vie en ce moment, malgré un arrosage aléatoire: plantes, bien sûr, jeunes pousses, mais aussi espèces animales. Si les singes ne sont plus là (fort heureusement!), les oiseaux habitent les lieux.












Djibril Bâ

mardi 3 mai 2011

La chronique du mardi du jardin botanique:le Momordica Charantia

Le Momordica Charantia

Cette plante fait partie de cette catégorie considérée comme de la mauvaise herbe la plupart du temps dans les jardins. Elle s’accommoderait, en effet, davantage de ces aires protégées plutôt que des prés à l’air libre, davantage de la saison sèche que de la saison humide…

C’est une liane très frêle qui donne des baies orange qui éclatent à maturité pour rejeter des graines sucrées d’un rouge extraordinaire. La plante, triturée, dégage une odeur nauséabonde. C’est en cela aussi qu’on l’utilise comme insecticide et contre la gale.

Il est coutume, en médecine traditionnelle, d’utiliser la plante entière pour des usages diversifiés par voie interne comme par voie externe.

On lui reconnaît des propriétés fébrifuges, vermifuges, antibiotiques/anti infectieuses, émétiques/purgatives, antirhumatismales. Nous pouvons y ajouter des propriétés gynécologiques.

A l’Hôpital Traditionnel de Keur massar, nous la considérons comme une plante du diabète. Elle y est également utilisée, en association avec d’autres plantes, pour réguler la tension artérielle et contre le stress.

En raison des nombreuses restrictions rattachées à son usage, l’automédication avec cette plante est absolument proscrite.

Masse sall et Seydou Ka

dimanche 1 mai 2011

Passer plus d'une semaine au rythme de Keur Massar est toujours une expérience vivifiante.




















Tout d'abord, il y a la simplicité du lieu: accueillant, chaleureux, propre et aéré. Dès le portail et jusqu'au fond du jardin ou de l'école, tout est ratissé, entretenu.











Bien sûr, ça et là, des sacs ou quelques déchets entrent par l'enclos non terminé ou par les interstices du grillage, en raison des vents souvent vigoureux de la région...





Mais on sent bien que chacun, ici, a à coeur la beauté du lieu. Alors, on recherche encore une meilleure irrigation, un meilleur emplacement pour tel ou tel arbre... On surveille attentivement la colonisation des ruches par les abeilles (9 sur 12 sont colonisées)... Le parcours de promenade à travers le jardin botanique est peu à peu balisé...











Et puis, il y a les personnes. Là aussi, dès le portail, à l'accueil, puis chez les guérisseurs ou au labo, à la direction, la pharmacie, le jardin ou à l'école, il y a ce sens de l'accueil, du temps que l'on prend pour échanger.



















Les nombreux visiteurs qui sont venus pendant notre séjour l'ont tous ressenti. C'est un moment de paix que l'on passe au milieu des hommes et des plantes.











Les amis Bruno de Paris, Lorenzo de Mallorca, les visiteurs de passage qui s'attardent plus longuement que prévu...

Merci à vous tous pour cette chaleur humaine que vous savez si bien partager!

Geneviève Baumann